Garder son CDI et Se lancer comme secrétaire indépendante
Publié le lundi 22 octobre 2018 par Celine Lieffroy | 2 commentaires
Classé dans : Se lancer - Témoignages - Salariat - Organisation -

Récemment, je publiais un article rassemblant les témoignages de télésecrétaires qui s’étaient lancées après avoir quitté leur CDI.

D’autres, comme Anne-Sophie, Karine, Caroline, Josiane et Laurence, ont fait le choix de cumuler leur emploi salarié avec le lancement de leur activité de secrétaire freelance.

Comment se sont-elles organisées ? Au bout de combien de temps ont-elles quitté leur emploi salarié ?...

Voici leurs témoignages pour Croquefeuille, que vous pourrez compléter par votre situation en commentaire.

Anne-Sophie : « Je ne risquais pas grand-chose, car j’avais la sécurité de mon emploi. »

Installée en Bourgogne, Anne-Sophie a créé NOTA Secrétariat en janvier 2018.

« J’accompagne mes clients dans leurs démarches administratives et commerciales. Je réalise essentiellement de la gestion de mail et de la retranscription audio, pour l’instant. »

Elle exerce principalement à distance, et ne génère du chiffre d’affaires que depuis quelques mois, en parallèle de son activité salariée.

Elle était d’ailleurs encore officiellement en poste pour quelques jours au moment de cette interview.

L’idée de devenir secrétaire indépendante est arrivée après une remise en question de ses objectifs professionnels :

« Malgré un master tourisme en poche, je n’avais pas vraiment la possibilité d’évoluer professionnellement ou financièrement. J’ai été très déçue de la réalité du secteur dans lequel je travaillais (démotivation et perte de confiance). »

Elle a alors cherché un nouveau secteur dans lequel s’investir qui répondait à la fois aux compétences qu’elles avaient acquises, à ses envies et contraintes.

« J’ai trouvé dans le secrétariat indépendant une solution à ma remise en question et un nouveau challenge pour me redonner le goût du travail. »

Anne-Sophie ne pouvait pas, à ce moment-là, quitter son emploi.

Elle a alors dédié tout son temps libre à la préparation de son projet.

« Je me suis rapprochée du réseau des télésecrétaires (Lexiris), et j’ai acheté le Pack qui m’a beaucoup aidé, à la fois à apprendre sur le métier et à avancer dans mon projet, étape par étape.
Ensuite, j’ai fait les démarches nécessaires auprès de la chambre des métiers et suivi le stage.
 »

Anne-Sophie a ainsi « travaillé » 8 mois en parallèle de son activité salariée pour préparer et lancer son projet.

« Arrivée au bout de l’engagement moral que je pouvais donner à l’entreprise où j’étais, et ayant obtenu quelques contrats en secrétariat, je me suis décidée à demander une rupture conventionnelle. »

Aujourd’hui, libérée de son emploi salarié, elle commence à sentir la pression.

« Lorsque j’ai décidé de me lancer, en réalité, je ne risquais pas grand-chose, car j’avais la sécurité de mon emploi.
Aujourd’hui, je n’ai plus le choix, je dois redoubler d’efforts, et trouver plus de clients.
 »

Ses conseils pour celles et ceux qui veulent se lancer tout en étant salariée :

« D’être consciente que cela demande énormément d’engagement et de temps.
De ne rien cacher à son employeur, si possible, afin que celui-ci comprenne la situation et accepte plus facilement une rupture conventionnelle par la suite.
 »

Karine : « Si ça ne marchait pas, il me restait la possibilité de reprendre mon poste »

Installée à Châlons-en-Champagne (51), Karine a créé Dactyl’K en 2009. Elle s’est spécialisée en retranscription (médicale ou administrative) et facturation (administratif).

« J’ai atteint ce que je recherchais : la diversité dans les missions proposées (je fais autant de médical que du pur administratif), la possibilité de travailler chez moi et de travailler de temps en temps sur site (environ 40 jours par an). »

Quand elle a décidé de se lancer, Karine était secrétaire médicale dans le service psychiatrie d’un hôpital public.

« Je ne me plaisais plus à ce poste que j’occupais depuis 8 ans. L’ambiance était devenue électrique.
J’ai consulté internet et suis tombée sur le Forum des télésecrétaires. J’ai lu beaucoup de choses et me suis dit : pourquoi pas ?
 »

Alors à temps plein, elle a commencé par demander un temps partiel pour création d’entreprise.

« Je travaillais le matin en établissement, et l’après-midi, pour moi. »

Malgré ses freins, « la peur des fins de mois difficile », la création du statut auto-entrepreneur l’a aidée à prendre sa décision…

« Et puis, si ça ne marchait pas, il me restait la possibilité de reprendre mon poste.
Le congé à temps partiel pour création d’entreprise était valable un an, renouvelable une fois, avec choix à la fin de ce congé, de reprendre le poste ou de démissionner
. »

Elle a finalement trouvé son premier client (avec lequel elle travaille toujours) au bout de trois mois, puis obtenu des missions qui lui ont été confiées par des consœurs du forum.

« Avant la fin de mes deux années de congé à temps partiel pour création d’entreprise, j’ai dû choisir entre reprendre mon poste en octobre, ou prendre ma retraite de la fonction publique en juillet. J’ai opté pour la retraite, non sans crainte également, pour me consacrer totalement au secrétariat indépendant. »

Son entourage l’avait plutôt soutenue lors du lancement de son projet, mais…

« Quand j’ai pris la décision d’arrêter mon poste dans la fonction publique, j’étais devenue “folle” ! Les dubitatifs étaient devenus jaloux. »

Aujourd’hui, a-t-elle des regrets ?

« Je m’épanouis en travaillant en freelance. De plus, ça a forgé mon caractère. Je ne sais pas si, sans ça, j’aurais affronté mon divorce comme je l’ai fait dernièrement. »

Cela dit, se retrouver seule avec trois enfants à charge sans salaire fixe n’est pas toujours une situation confortable…

« Il y a quelques mois, j’ai regretté effectivement d’avoir laissé tomber la fonction publique, qui m’assurait un salaire fixe et une retraite “potable”. Mais ce regret n’a pas duré longtemps. »

En tout cas, Karine conseille de passer par un temps partiel pour création d’entreprise.

Et elle ajoute :

« Il ne faut pas croire que ça va marcher tout de suite, et qu’on va remplacer son salaire de CDI dans l’immédiat.
Cela va faire 9 ans que je suis secrétaire indépendante, voici un an seulement que je réussis à obtenir le SMIC, rien que par mon activité de secrétaire. Ma mini-pension de retraite complète mes revenus.
 »

Caroline : « J’ai toujours été multi-employeurs »

Installée dans la Drôme, Caroline a créé Bâti-Secrétariat en juin 2015.

Spécialisée dans le bâtiment et la maitrise d’œuvre, elle travaille notamment pour les bureaux d’études, architectes, économistes, experts du bâtiment, à distance et sur site (50/50).

Caroline a toujours travaillé à temps partiel pour différents employeurs.
Elle a découvert le métier de secrétaire indépendante sur internet.

« L’idée a commencé à germer dans ma tête il y a plus de 5 ans. J’ai toujours été multi-employeurs. Je me disais : pourquoi pas continuer à fonctionner comme ça, mais à mon compte. Suite à un licenciement économique chez l’un de mes employeurs, j’ai travaillé sur mon projet pendant un an, profitant de mon maintien de salaire »

Elle était alors employée à temps partiel (20 heures) comme secrétaire chez un économiste de la construction et touchait des allocations chômage en complément.

« Cela a été un peu compliqué, car le prestataire extérieur qui m’accompagnait pour Pôle emploi m’a très mal conseillée. Je ne savais même pas qu’il fallait faire le stage avant de m’immatriculer ! Je suis donc passée à côté de plein de conseils intéressants.
Et comme j’ai fait le stage après, je n’ai pas pu avoir l’aide de la CMA de la Drôme pour le financer
. »

Une fois lancée en micro-entreprise, en juin 2015, elle a rapidement décroché ses deux premiers clients.
En novembre, elle proposait un licenciement économique à son employeur qui rencontrait alors des difficultés : « il n’y avait pratiquement plus de travail pour moi  »…

Soutenue par sa sœur et son mari, le reste de son entourage n’a pas compris son choix.

« En même temps, comme je n’ai jamais travaillé à temps plein, j’ai toujours fait figure d’excentrique, alors un peu plus ou un peu moins… »

Aujourd’hui, elle n’a aucun regret.
Mais si c’était à refaire, elle commencerait par suivre le stage de préparation à la CMA…

Ses conseils pour celles et ceux qui veulent se lancer :

« Bien travailler le projet, être patiente, car la prospection, c’est long avant que ça donne quelque chose, et surtout se renseigner, rencontrer des gens qui sont dans le même cas, écouter les conseils des autres, mais savoir faire le tri.
Surtout ne jamais rester sur ses acquis !
 »

Josiane : « À l’époque, j’avais deux postes à temps partiel, et j’ai été licenciée sur l’un des deux postes »

Installée près de Strasbourg, Josiane s’est lancée comme traductrice allemand > français et secrétaire bilingue en 2005.

Elle travaille entre autres pour des avocats, experts-comptables, sites de e-commerce, sociétés allemandes travaillant en France, presque exclusivement à distance.

En 2005, Josiane cumulait deux postes à temps partiel, dont l’un en télétravail pour un consultant : « J’appréciais déjà la liberté de travailler à distance et de gérer mes horaires  ».

Elle a alors été licenciée sur l’un de ses postes.

« À force d’entendre dans ma recherche d’emploi “j’ai du travail pour vous, mais je ne veux/peux pas embaucher”, l’idée a germé. J’ai fait beaucoup de recherches sur internet et lu des livres. »

Elle craignait de ne pas pouvoir payer ses charges.
Précisons qu’en 2005, le statut auto-entrepreneur n’existait pas…

C’est finalement, la Loi Dutreil qui a permis à Josiane de passer le cap.

Il s’agissait d’une exonération des cotisations sociales pendant la première année pour les personnes qui cumulaient un emploi salarié.

Et puis, elle avait trouvé un premier client.
Elle était prête à s’immatriculer !

« Un (futur) client m’a téléphoné, j’ai accepté, et proposé 18 euros de l’heure (!) [Mon calcul spontané : SMIC à 9 € x 2 pour les charges.] J’ai déposé le formulaire à l’URSSAF le lendemain. »

Elle avait pourtant suivi un atelier création d’activité par l’ANPE (à l’époque), mais cela n’a été qu’une « perte de temps ».

Josiane n’a pas été non plus soutenue par son entourage.

« Je n’ai rien dit à ma mère pendant deux ans. Je lui ai annoncé quand j’ai démissionné de mon second poste salarié, de peur qu’elle appelle au boulot. Là, ça n’a pas raté, j’aurais pu parier sur ce qu’elle allait me dire : et ta sécurité sociale ? et ta retraite ? tu es inconsciente ?  »

Aujourd’hui, elle ne regrette rien !

Ses conseils  :

« Essayer de faire quelques missions à côté, ou négocier un temps partiel pour se lancer en toute sécurité. »

Laurence : « Le principal frein est le manque de disponibilité »

Installée en Haute-Garonne, Laurence a créé Æquinoxe-Office en juillet 2017.

Spécialisée en secrétariat médical, elle propose de l’assistance administrative à distance et sur site, notamment la facturation et les relances d’impayés à destination des professionnels paramédicaux et auxiliaires médicaux, mais aussi plus largement pour les professionnels d’autres secteurs.

Il y a 12-13 ans, suite à un licenciement, Laurence avait fait une première tentative de création d’entreprise dans le secteur de l’habillement.

« Cette aventure n’a pas abouti, mais il reste le côté le positif : les personnes rencontrées lors des réunions et ateliers »

En s’installant sur Toulouse, elle a suivi une formation de secrétaire médicale, puis a rapidement trouvé un poste en CDI.
Mais cette idée d’indépendance ne l’a plus jamais vraiment quittée.

« L’idée m’est revenue en 2016.
J’ai cherché sur internet des activités que l’on pouvait exercer en freelance depuis son domicile, et je suis arrivée sur le blog Croquefeuille. Je n’avais aucune notion de ce métier de secrétaire freelance, mais j’ai été très rapidement convaincue, d’autant que j’ai rencontré, cette même année, une secrétaire indépendante et c’est alors devenu une évidence
. »

Après un temps de réflexion alimenté par ses recherches, elle a fait l’acquisition du Pack installation en juillet 2016, et s’est finalement lancée en parallèle de son emploi salarié à temps complet.

« Avec ce poste, je me suis forgé une expérience dans le domaine médical.
J’y ai appris les réflexes, l’esprit, les relations et interactions des différents acteurs, et bien sûr la nomenclature des actes médicaux et leur facturation
. »

Ce qui l’a décidée :

« L’envie d’apprendre, d’en savoir plus, de connaître d’autres méthodes de travail, d’autres logiciels... Je pense que ces deux statuts sont complémentaires, car on transpose ce que l’on apprend d’un côté pour améliorer l’autre. »

Dispensée du stage de préparation à l’installation, elle s’est immatriculée sous le statut micro-entrepreneur en juillet 2017, et trouve son premier client à la fin de l’année.

Le cumul des deux activités ne va pourtant pas sans difficultés, notamment pour ce qui concerne la disponibilité.

« Le principal frein est bien évidemment le manque de disponibilité et de réactivité pour les clients et prospects qui vous sollicitent. Je n’ai pas donné suite à une proposition de mission l’année dernière, car trop peu de disponibilité en semaine, et j’ai déjà dû laisser filer d’autres commandes, car je me refuse à répondre au téléphone sur mon lieu de travail. »

Elle dispose de peu de temps pour elle, mais est heureusement encouragée par son entourage, rassuré qu’elle ait gardé son CDI.

Si c’était à refaire…

« Je ferais en sorte d’être moins hésitante, d’avoir plus confiance en moi et en mes compétences pour oser saisir les occasions qui se présentent. »

Ses conseils pour celles et ceux qui veulent se lancer en parallèle de leur emploi salarié :

« Être en accord avec soi-même et s’assurer de l’adhésion de son employeur.
J’ai compris que jouer la transparence dès le départ était important, car je travaille pour des médecins qui exercent eux-mêmes à leur compte, donc ils peuvent comprendre cette envie d’indépendance. Ils peuvent aussi vous soutenir et en parler autour d’eux.
À l’inverse, ils peuvent être informés que vous travaillez pour des confrères, et ce n’est pas la manière la plus louable de le leur annoncer.
De plus, la clause de non-concurrence devient caduque avec l’accord de l’employeur
. »

Et vous, avez-vous tenté l’aventure de vous lancer tout en gardant votre poste salarié à côté ? Comment est-ce que ça s’est passé ?

Commentaires
Le mercredi 16 septembre 2020 à 10h24

Etre salariée dans le privé et diriger ma propre entité dénommée « Ma Petite Boîte » via le statut d’autoentrepreneur, c’est le pari osé que je me suis lancée en 2010 ; non seulement attirée par ce besoin irrépressible d’indépendance mais également par l’appât du gain : pari réussi ! Mes filles avaient alors 8 & 5 ans.

Une création née à l’occasion d’une rencontre inopinée avec un artisan qui débordé par des tâches administratives chronophages me met au défi de structurer son environnement. 10 ans après, il me fait toujours confiance. Au rythme de trois passages hebdomadaires à son domicile et de séances de travail en solo, nous avons atteint un rythme de croisière qui nous est propre.

En parallèle de cette relation ô combien solide, il y a eu d’autres collaborations avec des artisans, certaines éphémères, d’autres plus fiables mais moins consciencieuses, des associations et des particuliers.
Des mouvements à mon sens plus chronophages que rentables, mais qu’il ne faut pas bouder.

Comme pour toute entreprise, quelques sacrifices ont été nécessaires et notamment déléguer et financer la garde de mes enfants le soir pour permettre à cette collaboration de se mettre en place et surtout de se pérenniser. A l’échelle de notre organisation familiale, ce sont purement et simplement des choix de vie pour lesquels nous avons opté et qui nous ressemblent ; mon mari cumulant également plusieurs emplois. Nous avons depuis toujours pris l’habitude de nous retrouver le week-end et voyageons à chaque occasion : notre luxe à nous.

En parallèle de cette activité d’indépendante, perdure mon statut de salarié du privé ; un poste d’Assistante de Direction Générale que j’occupe depuis 20 ans à temps plein, intensément, et qui m’a appris l’essence même et les ficelles de l’assistanat. Pour de multiples raisons tant financières que sentimentales, je n’imagine pas le quitter. Il continue d’être la source de multiples apprentissages, il est un lien social, il est un véritable atout pour mon activité d’indépendante.

C’est d’ailleurs cette dualité qui a toujours fait ma force et qui cimente aujourd’hui mon envie de donner plus d’ampleur et de panache encore à mon statut d’indépendante. Mes filles ont grandi ; l’une étudie la médecine, l’autre s’y prépare ; un nouveau schéma familial se met doucement en place m’encourageant à structurer autrement mon temps de travail et à repenser notamment mes temps de présence ici et là. Je me suis donnée 6 mois pour ouvrir la seconde page de cette histoire.

A toutes, je vous souhaite autant de plaisir et de satisfaction.

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Le dimanche 2 décembre 2018 à 10h13

Merci Céline de nous permettre de participer à ce témoignage. Puisse-t-il apporter les infos utiles et encourageantes pour les futures secrétaires encore hésitantes.

J’en apprends également à mon tour sur les parcours de chacune et je suis chaque fois impressionnée du potentiel et des richesses des unes et des autres.

Bravo pour ce que tu fais avec sérieux, implication et toujours de la pertinence. Grand merci aussi pour ta disponibilité.

Laurence - Æquinoxe-Office

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