Peut-on vivre de son activité de télésecrétaire ? Les tarifs
Publié le mardi 3 mars 2015 par Celine Lieffroy | 4 commentaires
Classé dans : Tarifs - Retranscription audio - Chiffre d’affaires -

En période de renouvellement des inscriptions sur LEXIRIS.fr, je suis très souvent confrontée à la réalité économique du métier de télésecrétaire.

Beaucoup ne renouvellent pas leur abonnement, car leur activité se porte mal.

Dans le meilleur des cas, elles ont pu trouver un emploi salarié et renoncent à essayer de développer leur entreprise.

La plupart, ne me répondent pas, font la sourde oreille, un peu honteuses d’avoir « échoué » là ou d’autres semblent réussir. Je ne les en blâme pas…

Pourtant, on pourrait croire, à lire les témoignages de consœurs sur les blogs ou sur les réseaux sociaux que tout va bien.

Quelques difficultés passagères dues à la conjoncture, mais rien de grave. Tout le monde est capable de se dégager un revenu de son activité, ou quasiment tout le monde.

Mais quels revenus ?

C’est là que le bât blesse, car les chiffres restent un grand tabou.

Impossible de connaitre le chiffre d’affaires d’une télésecrétaire en auto-entreprise, si ce n’est qu’il ne dépasse pas le plafond (ce qui est déjà une indication en soi).

Mais surtout, on ne donne pas de chiffres.

Même sur le forum des secrétaires indépendantes où la parole est plus libre, puisque nous sommes entre nous, ça reste un sujet un peu délicat.

J’avais quand même pu établir un prévisionnel grâce aux quelques personnes qui acceptaient de communiquer leurs chiffres sur le forum, prévisionnel qui s’est avéré tout à fait conforme à la réalité, ce qui est l’avantage de partir sur des témoignages.

Mais communiquer ses chiffres est souvent critiqué : s’ils sont bons, cela parait prétentieux, s’ils ne sont pas assez bons, cela montrerait qu’on est en difficulté…

Une partie de l’enquête sur le métier de secrétaire indépendante concerne les chiffres. C’est évidemment celle qui est le moins renseignée.

Ainsi à la question, votre chiffre d’affaires dépasse-t-il 2 000 euros par mois :

36 % n’avaient pas répondu
44 % avaient répondu : non
20 % seulement avaient répondu : oui

Il est à noter cependant que les chiffres d’affaires mensuels déclarés ne sont pas si catastrophiques que ça.

Avec 15 % seulement de prestataires qui facturent moins de 500 euros par mois (peut-être d’ailleurs des secrétaires qui n’exercent leur activité qu’à titre secondaire)
Et 23 % qui facturent plus de 2 500 euros par mois.

La moyenne étant établie à 1 500 euros par mois.

En revanche, que faut-il penser de l’important taux de non-réponse ?
Ces chiffres sont-ils représentatifs ?

Je ne saurai pas l’affirmer.

Les tarifs : un problème structurel ?

L’omerta pèse également sur les tarifs réellement appliqués.

On note bien sûr une différence significative entre les tarifs affichés ou annoncés sur internet et ceux effectivement pratiqués.

La plupart des jeunes télésecrétaires n’hésitent en effet pas à baisser fortement leurs tarifs lors d’une demande de devis pour mettre toutes les chances de leur côté pour remporter la mission.

On me le reproche assez souvent en ce qui concerne les prestataires inscrits sur LEXIRIS.fr

Mais ces prestataires sont indépendants et je n’ai pas mon mot à dire sur leur manière de gérer leur activité.

Ce qui est sûr, c’est que le problème des tarifs reste structurel dans la profession.

En effet, comment facturer plus en tirant les tarifs vers le bas ?

En 2009, alors que je me lançais comme télésecrétaire, les tarifs pour la transcription audio (je ne parle pas de la simple saisie) étaient au minimum de 2,30 euros/ la minute.

Aujourd’hui, alors que je lance Maïa Secrétariat, ils tournent plus autour de 1,75 euro, sachant qu’ils descendent bien plus bas pour des entretiens, 1,50 euro, 1,30 euro, 1 euro parfois quand il s’agit d’étudiants par exemple.

Passé l’euphorie des premières missions obtenue, il ne faut pas s’étonner que les chiffres d’affaires plafonnent et qu’il soit difficile de se dégager l’équivalent d’un SMIC de son activité !

Juste un petit calcul.

Une télésecrétaire auto-entrepreneur qui souhaiterait facturer 2 500 euros par mois, ce qui me semble un objectif correct (sachant que certaines facturent plus de 4 000 euros par mois)…

Spécialisée en retranscription audio,

Si son tarif est de 2 euros/ la minute :
Il lui faudra retranscrire 15 heures d’audio par mois, soit 3,5 heures par semaine

Si son tarif est de 1,70 euro/ la minute :
Il lui faudra retranscrire 18 heures d’audio par mois, soit un peu plus de 4 heures par semaine

Si son tarif est de 1,5 euro/ la minute :
Il lui faudra retranscrire 20 heures d’audio par mois, soit 5 heures par semaine

Si son tarif est de 1 euro/ la minute :
Il lui faudra retranscrire 31 heures d’audio par mois, soit un peu plus de 7 heures par semaine…

Sachant que, pour un travail de qualité, il faut compter une journée de travail pour une heure d’audio (je ne parle pas ici de simple frappe de documents)… vous imaginez le travail !

Et encore faut-il que cette télésecrétaire soit capable de trouver ce volume de travail par mois.

Or, l’aspect commercial est connu comme étant le point faible des télésecrétaires.

À titre de comparaison, en ce qui concerne la Compagnie des Télémates, mon tarif moyen restait à 2,30 euros/ la minute, mais le plus souvent il montait à 2,50 euros, voire 2,75 euros.

Pour les universités, et pour des commandes de 40 ou 60 heures d’audio, mon tarif tombait à 1,9 euro/ la minute. Jamais moins. D’autant que mes charges étaient plus importantes qu’en auto-entreprise.

Bien sûr, il faut du temps pour se constituer une clientèle, je ne le nie pas, mais trop de télésecrétaires se lancent sans aucune stratégie commerciale, sur un positionnement flou qui ne parle à personne (prospecter tout le monde, c’est prospecter personne).

Aussi, ne leur reste-t-il que les marchés dont personne ne veut, car pas assez rentables.

Pour ma part, avant de me constituer ma propre clientèle, et parce qu’il fallait bien facturer (et apprendre), j’ai travaillé en sous-traitance pour une agence de retranscription audio.
Là encore, mes tarifs ne sont jamais descendus en dessous de mon plancher de 1,9 euro/ la minute.

Il s’agissait surtout pour moi de me perfectionner dans cette prestation avec un client très exigeant et me faire un peu de trésorerie.
Mais j’ai toujours pris soin que mon travail pour eux ne dépasse pas l’équivalent d’un mi-temps, de manière à pouvoir continuer à prospecter ma propre clientèle avec des tarifs plus corrects.

Et vous, quelle est votre politique de prix ? Acceptez-vous de baisser vos tarifs sur une grosse mission ? Connaissez-vous le tarif en dessous duquel cela ne vaut plus le coup de travailler ?

Crédits photo : Bruno Schoonbrodt

Commentaires
Le jeudi 3 novembre 2016 à 13h49

Nous en arrivons tous là à un moment, cela fait parti du job, même si c’est dur à admettre.
Les conflits psychologiques : on veut faire plaisir, bientôt cela ira mieux, en attendant,... dur bataille contre soi même.
Mais on est vite rappelé à l’ordre lorsque nos propres factures tombent, alors des choix s’imposent.
Pour ma part je trouve cela bien difficile de devoir descendre sous les 1,75 €/mn sans avoir l’impression de travailler à perte. Après occasionnellement devoir le faire pour combler son cahier des charges pourquoi pas, mais il faut faire très attention de ne pas tomber dans des habitudes. Peut être pratiquer des coûts faibles sur un type unique de prestation, avec des clients bien spécifiques ? Difficile à dire. De plus, je pense que ce genre de pratique est contre productive. Trop de concessions ruinent le moral.

Je constate que cet article à près de 2 ans mais reste toujours d’actualité. J’espère cependant que les chiffres et les réponses ont évolués depuis.

J’espère avoir la chance de Lucette suite à mon démarrage sur Lexiris.

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Le jeudi 3 novembre 2016 à 09h33

Les tarifs sont difficiles à fixer d’autant qu’on ne sait jamais si une secrétaire ne va pas casser les prix pour avoir le marché et c’est souvent ce qui se passe, j’ai répondu à de multiples offres et je n’ai jamais réussi à en décrocher une même en diminuant mes prix assez bas car il y a toujours quelqu’un qui casse les prix, j’ai le cas dans ma ville où une secrétaire casse les tarifs pour avoir du travail. Après je pense que ce n’est pas la peine de travailler pour rien quand on déduit les charges. Je pense que si tout le monde respectait une fourchette de tarif ce serait plus facile et on aurait plus de travail chacune au lieu de casser les prix pour travailler pour rien.

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Le vendredi 27 mars 2015 à 13h25

Très bon article, comme d’habitude Céline. En ce qui concerne mes tarifs j’ai très vite compris que je les avais fixés trop bas sous les conseils de la Boutique pour créer qui m’a suivi pour mon installation... Il est essentiel de bien les évaluer et ne pas descendre trop bas pour l’emporter car si la mission devient récurrente, augmenter ses tarifs par la suite est très difficile voire mission impossible. C’est le conseil que je donne à toutes celles et ceux qui me contactent parce qu’ils ont le projet de devenir secrétaire indépendante et je les renvoie au Pack qui m’a bien guidée sur mes débuts.

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Le mercredi 25 mars 2015 à 16h09

Les tarifs, un éternel problème...

Je me suis faite avoir quelques fois, mais maintenant j’ai atteint un stade où je préfère refuser plutôt que de travailler à prix trop bas Cela m’arrive encore en sous-traitance pour dépanner, mais je fais attention à ce que ça ne m’engage pas sur du long terme de façon à pouvoir accepter d’autres missions payées correctement.

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