À la question « la retranscription audio est-elle une spécialité économiquement intéressante ? Intellectuellement épanouissante ? Nerveusement supportable ? », Anne-Marie JOUANNY, créatrice d’Abers Secrétariat, répond avec son franc-parler que nous aimons tant sur le forum des secrétaires indépendantes.
Aux trois questions, on pourrait répondre « ça dépend ».
Honnêtement, je trouve que la retranscription audio est un travail passablement ingrat. C’est très chronophage et nécessite un minimum d’investissement pour être opérationnelle :
Auxquels on peut rajouter (pour gagner en productivité) :
Outre l’investissement, il faut prévoir en moyenne 6 heures de transcription pour 1 heure d’enregistrement, sans parler des corrections, de la mise en page et des recherches documentaires. Potasser les fonctions avancées de Word aide beaucoup !
Il convient encore de bien étudier ses tarifs…
Tout dépend de ce qu’on retranscrit.
Certains enregistrements de comités d’entreprises (CE) ne consistent qu’à pinailler pour des remboursements de frais de déplacement, mais d’autres redonnent confiance en l’humanité (quand les gens se battent pour leurs projets, avec une certaine grandeur d’âme).
Parfois, on doit tellement « soigner » la syntaxe des participants que c’en est épuisant…
Et puis, il y a toutes ces retranscriptions où on se retrouve au cœur de l’actualité économique ou scientifique, et là, ça devient palpitant. Mais, elles sont trop rares.
Ce sont les seules missions qui compensent le fait d’être exploitée. Car, c’est de l’exploitation, ne mâchons pas nos mots...
La démonstration par les chiffres :
21 euros HT l’heure de travail en fourchette haute et jusqu’à 13 euros HT en fourchette basse, la base de calcul étant : 2,10 euros x 60 minutes / 6 heures de retranscription ou 1,30 euro x 60 minutes / 6 heures.
Là-dessus, je rappelle que 6 heures, c’est une moyenne optimiste.
On est parfois plus proche des 8 heures, et on tombe à 15,75 euros en fourchette haute et à 9,75 euros l’heure de travail en fourchette basse.
Il faut encore y soustraire les charges, selon qu’on soit auto-entrepreneur, libéral ou artisan, ou encore en portage.
Il faut pouvoir supporter d’être vissée à sa chaise, isolée du monde avec un casque sur les oreilles.
Il faut pouvoir supporter la pression du client : les délais sont surréalistes parfois (avec un week-end au milieu). Personnellement, je ne gère plus ce genre de demandes, sauf cas exceptionnels (tarifs et sujets plaisants).
Cela dépend aussi des sujets traités : il m’est arrivé de franchement rire ou pleurer en entendant certaines réunions.
Lorsqu’ils se mettent tous à parler en même temps, c’est odieux.
Lorsqu’une discussion se déroule en aparté de la réunion, près du micro, c’est encore plus odieux...
Et je passe les portables qui sonnent à côté des micros, les gens qui toussent, éternuent, se raclent la gorge, tournent des pages bruyamment ou mettent en route une machine à café... Un vrai bonheur...
Personnellement, je fais en sorte d’avoir 10 heures de transcription par mois, pas plus. Sinon, c’est la dépression nerveuse assurée. Cela me permet aussi de garder la main.
Dernier point, la retranscription audio (sur les gros fichiers) est fortement concurrencée par les sociétés off-shore.
Petit bonus productivité pour moi : je fais beaucoup de rédaction web et cela me permet d’avoir des connaissances de pointe sur certains sujets (droit du travail, politique territoriale, recherche scientifique). Mais je préserve l’anonymat, l’origine des sources, etc.
La « Rolls » en matière de retranscription, c’est un client régulier qui fournit du volume, avec un fichier son de qualité et des intervenants policés, ou alors du compte rendu médical (ou spécialisé), qui s’apparente plus en fait à de la « dictée » qu’à de la retranscription audio pure et dure.
Anne-Marie JOUANNY
http://www.abers-secretariat.fr/
Hi hi ! les éternuements, les quintes de toux, les portables qui vibrent, les gars qui brassent des papiers ou qui tapent sur la table avec la mine de leur crayon ! Je connais tout ça et cela fait vraiment partie de la retranscription audio. Il y a aussi, en individuel, par exemple pour les médecins ou les avocats, ceux qui baillent ou mangent sans cesser de dicter !...
Mais dans tous ces cas, je suis intraitable et je n’essaie même pas de transcrire quelque chose. Je me contacte d’écrire "baillement", "quinte de toux", "sonnerie de portable", "brouhaha", etc. En général, la fois d’après, ils font gaffe !!!
Bel article, véridique !
Je vous rejoins tout à fait dans votre dernier paragraphe. La régularité du client, la connaissance des participants et des fichiers son de bonne qualité permettent de s’y retrouver.
Mais l’idéal reste selon moi les dictées médicales ou juridiques.
J’adore, merci Anne-Marie pour votre témoignage, perso je m’y retrouve assez...Heureusement, cette prestation n’est qu’un quart de mon CA. :o) - je ne pourrais pas faire que cela.
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